Tensions et Conflits en Holacracy

par | juin 2018 | Résolution de conflits

L’holacracy, en ne définissant pas dans sa structure de processus pour gérer les conflits, fait le pari de les éviter en traitant régulièrement les « tensions ». Mais qu’est-ce qu’un conflit ? Définition !

Les 3 dimensions d’un conflit du point de vue de la médiation

En médiation, on distingue 3 dimensions dans une situation conflictuelle:

  • La dimension technique:
    Il s’agit de ce qui est mesurable, les enjeux, les intérêts, les besoins, les attentes des personnes.
  • La dimension juridique:
    Elle intègre nos lois, nos règles explicites, nos cultures, nos fonctionnements implicites. C’est le cadre « légal » dans lequel se déroule le conflit, avec son lot d’interprétation des règles.
  • La dimension émotionnelle:
    Au fur et à mesure de la dégradation du rapport, nous rencontrons de plus en plus d’obstacles pour communiquer pacifiquement, sans se disputer. La capacité à discuter et à raisonner se trouve ainsi réduite par la présence des émotions conflictuelles.

De ce fait, il existe des termes différents pour qualifier chacune de ces dimensions:

  • Le litige:
    C’est un conflit à composante technique majoritairement. Le produit ou le service fourni n’est pas conforme au contrat passé, il s’agit de trouver un nouvel arrangement, par exemple en obtenant une réduction ou une réparation.
  • Le contentieux:
    C’est un conflit à composante juridique majoritairement. Dans le cadre d’un accrochage entre deux véhicules, et à condition que la composante émotionnelle reste faible, il s’agit juste de définir les responsabilités de chacun selon les règles en vigueur.
  • Le conflit:
    C’est la version émotionnelle. Dans les deux cas précédents, on peut imaginer voir se dégrader les situations en fonction des personnes ou des circonstances, en rajoutant de la colère, de la frustration ou de la peur.

Dans nos sociétés qui fuient le conflit, et qui laissent peu de place à l’expression émotionnelle, nous avons tendance à tout ramener au litige ou au contentieux.

Ce phénomène a été observé par exemple dans le contexte de la crise en Catalogne: la situation avait dérapé au point où chaque camp était en colère contre l’autre. Mais dans le cadre des débats télévisuels, on mettaient face à face des juristes qui s’appuyaient respectivement sur tel ou tel article de loi pour justifier leurs actions.

Vouloir ramener un conflit à un simple problème juridique est une erreur.

On peut observer le même phénomène dans les divorces: si la relation s’est dégradée émotionnellement, ce ne sont pas les aménagements (techniques) ni les lois (juridique) qui rétabliront la communication.

 

Eviter le conflit ?

Le pari de l’Holacracy est donc d’ouvrir régulièrement des espaces pour traiter tous les points techniques et tous les points juridiques, nommés “tensions”.

Les points techniques sont traités en réunion opérationnelle. Lorsqu’une personne a besoin qu’une action soit faite, a besoin de rappeler un délai ou doit faire une demande, c’est l’espace adéquat. 

Les points juridiques sont traités en réunion de réorganisation. C’est là que les règles sont clarifiées, les autorités définies et distribuées, les responsabilités de chacun précisées. 

Dans une structure holarchique, chacun est responsable de traiter ses « tensions » dans l’un de ces deux espaces avant qu’elles ne se transforment en conflit, c’est à dire avant que la partie émotionnelle ne prenne le dessus.

La “tension” est donc un simple aménagement des actions ou des règles pour laisser émerger quelque chose de nouveau qui demande à surgir dans le Système.

Cependant, il serait illusoire d’imaginer que l’outil suffise à éviter que la situation ne dégénère.

Pour cette raison, il est impératif de définir également un espace de résolution des conflits, qui accueillera tout ce qui aura trop glissé vers l’émotionnel.

Dans cet espace, on tentera, à travers l’écoute mutuelle, de faire diminuer la composante émotionnelle suffisamment pour que chaque partie puisse aborder les composantes juridiques et techniques de façon sereine et constructive. Dans ces espaces, les pratiques de CNV ou de communication assertive (par exemple) sont particulièrement utiles.

 

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