Prédateur ou proie ? La vulnérabilité en entreprise 🍁

par | septembre 2025 | Coaching et médiation, People & culture | 0 commentaires

Une jungle professionnelle ?

Dans l’imaginaire collectif, le monde du travail ressemble souvent à une jungle. Les prédateurs y règnent : ceux qui savent s’imposer, dominer, conquérir des parts de marché. On valorise l’agressivité commerciale, l’esprit de conquête, la compétition sans relâche. Être un « requin » est presque un compliment.

À l’inverse, être une « proie » sonne comme une condamnation : vulnérable, fragile, voué à se faire dévorer. Pourtant, si l’on observe la nature de plus près, les proies ne sont pas des victimes impuissantes. Leur organisation sociale, leurs stratégies collectives et leur intelligence adaptative sont des clés de survie redoutablement efficaces.

Et si, dans l’univers professionnel, nous avions aussi à apprendre de ces « proies » ?

Les prédateurs : efficacité, domination, compétition

Dans le règne animal, les prédateurs sont organisés autour de la chasse et de la conquête. Loups, lions ou orques savent coopérer pour capturer leur proie, mais leur dynamique reste structurée par la hiérarchie et la compétition pour l’accès aux ressources.

Dans le monde du travail, ce modèle se traduit par :

  • des structures hiérarchiques strictes,
  • une logique de domination du marché ou d’écrasement des concurrents,
  • une culture de la performance individuelle, parfois au détriment du collectif.

Ce modèle a ses vertus : il favorise la conquête, stimule l’innovation rapide et peut être moteur dans des contextes de crise. Mais il a aussi ses excès : burn-out, guerres internes, perte de sens, fragilité face à l’imprévu.

Les proies : vulnérabilité, coopération, résilience

À l’opposé, les proies – herbivores, poissons en bancs, oiseaux migrateurs – s’organisent différemment. Leur survie repose moins sur la force individuelle que sur la solidarité du groupe.

Elles développent des traits spécifiques :

  • Vigilance partagée : chacun contribue à repérer les dangers. En entreprise, cela peut se traduire par la transparence, le feedback et la circulation d’information.
  • Cohésion du groupe : ensemble, elles réduisent le risque individuel. Au travail, c’est le rôle de la solidarité et de la confiance.
  • Mobilité et adaptabilité : les migrations collectives montrent une agilité impressionnante. Dans une organisation, c’est la capacité à pivoter ensemble, plutôt qu’à subir individuellement le changement.
  • Vulnérabilité assumée : une proie ne nie pas son exposition au danger, elle s’organise autour. En entreprise, reconnaître ses limites, demander de l’aide, accepter de ne pas tout contrôler devient une force.

En valorisant ces qualités, les organisations dites « proies » construisent de la résilience, de l’engagement et un climat de sécurité psychologique, essentiel à l’innovation.

Compétition ou émulation : deux logiques bien distinctes

Souvent, on oppose coopération et compétition comme deux pôles inconciliables. Mais il existe une nuance importante : l’émulation.

  • La compétition, dans sa version prédatrice, suppose de gagner au détriment de l’autre. Pour qu’il y ait un vainqueur, il faut un vaincu. Cette logique peut pousser à la rivalité, à la méfiance et parfois à l’élimination.
  • L’émulation, elle, est une dynamique saine où l’on se stimule mutuellement à donner le meilleur de soi. L’objectif n’est pas d’écraser, mais de progresser grâce à la présence des autres. Comme des coureurs qui, dans une même course, s’aident à dépasser leurs propres limites.

Transposée en entreprise, l’émulation permet d’intégrer le meilleur des deux mondes :

  • l’énergie motrice de la compétition,
  • la bienveillance et la coopération caractéristiques des proies.

C’est une posture où l’on accepte de reconnaître la valeur de l’autre, tout en s’en inspirant pour avancer soi-même.

La vulnérabilité comme ressource organisationnelle

Dans beaucoup d’entreprises, montrer sa vulnérabilité est perçu comme une faiblesse. Pourtant, les recherches en management montrent qu’elle est au contraire un puissant levier de performance collective.

Être vulnérable, c’est :

  • oser dire « je ne sais pas » et ouvrir la porte à l’apprentissage,
  • oser demander de l’aide et renforcer les liens,
  • oser montrer ses limites et autoriser les autres à en faire autant, créant ainsi une culture d’authenticité.

La vulnérabilité, loin d’être une faille, est le socle de la confiance. Et la confiance, elle, est la clé de l’engagement durable.

Le juste équilibre

Il ne s’agit pas de renier toute logique prédatrice : la conquête, l’ambition, la compétitivité sont nécessaires dans un monde professionnel exigeant. Mais ces traits gagnent à être équilibrés par les qualités des proies : solidarité, vigilance, coopération.

On pourrait dire que les organisations les plus résilientes sont celles qui savent cultiver une intelligence hybride :

  • l’énergie du prédateur pour oser, avancer, conquérir,
  • l’intelligence des proies pour durer, s’adapter, protéger et inclure.

Dans ce modèle, la vulnérabilité cesse d’être une honte et devient un atout stratégique.

Conclusion : oser la vulnérabilité

La jungle professionnelle n’a pas besoin d’être une guerre sans fin. Plutôt que de n’admirer que les prédateurs, nous gagnerions à observer aussi les proies. Leur vulnérabilité assumée, leur intelligence collective et leur résilience sont des forces que nous avons trop longtemps sous-estimées.

Dans un monde incertain, les vainqueurs ne seront peut-être pas les plus agressifs, mais ceux qui sauront conjuguer ambition et solidarité, performance et confiance, compétitivité et émulation.

Oser la vulnérabilité, c’est peut-être là, paradoxalement, la vraie force des organisations de demain.

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